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Le travail fait de bons chiens

Défense et illustration de l'usage français



En lisant les statistiques, mais aussi en observant simplement le monde de la cynophilie, on se rend compte que ce sont les chiens de travail qui sont les plus appréciés comme chiens de compagnie.


De nombreuses races portent le nom d'une fonction. Un métier, pourrait-on dire. Quand on dit berger, berger, retriever ou lévrier, on imagine un chien au travail et sélectionné pour une activité, un chien auxiliaire de l'homme. La réalité est différente :peu de races et très peu de sujets sont aujourd'hui soumis au travail. L'histoire des chiens nous apprend que le chien a toujours été un compagnon. Dans la saga Les Enfants de la Terre, le romancier américain Jean M. Auel raconte de manière plausible comment le loup a été apprivoisé. Elle explique d'abord pourquoi :c'est en fait le loup qui est venu devant l'homme. Cela explique aussi pourquoi ou pour quoi l'homme l'a accepté :pour en faire un animal de compagnie.


Avec le temps, le loup est devenu un chien. Le loup n'est pas devenu un gardien ou un chien de chasse du jour au lendemain. Il a fallu des siècles et des siècles pour que son tempérament soit amélioré par ce que tous les éleveurs font avec plus ou moins de succès :la sélection.


La sélection est aussi ancienne que l'élevage, mais la sélection contrôlée et officielle est assez récente :on peut dire qu'elle remonte à la création des stud-books, il y a un peu plus d'un siècle. Ce sont les Anglais qui ont les premiers tracé la ligne en créant le Kennel club en 1873. Les Français n'étaient pas loin derrière :la Société Centrale Canine a ouvert le LOF en 1885.


Avant cela, chacun faisait ce qu'il voulait dans son coin. La Révolution, en supprimant des privilèges comme la chasse, libère l'élevage de chiens. D'abord sont apparus les bâtards :ils étaient très peu nombreux avant 1789. Puis au cours du 19ème siècle, une multitude de races sont nées, dont beaucoup étaient utilisées pour la chasse, bien sûr, mais aussi pour la garde, la défense, la garde des troupeaux, le sauvetage etc.

Succès

A sa création, la Société Centrale Canine les a enregistrés dans un esprit d'ouverture. Son but est l'amélioration des races en France, mais son rôle n'a jamais été de promouvoir ou de privilégier une race plus qu'une autre.


Si certaines races sont en déclin voire en dégénérescence, la SCC n'en porte pas la responsabilité. C'est la faute des éleveurs et des commerçants. Les deux ont souvent, mais pas toujours, été en désaccord l'un avec l'autre. Il n'existe pas en France comme en Belgique ou dans certains pays d'Europe de l'Est, des marchés aux chiens du même acabit que les marchés de produits fermiers. Produit pour la meilleure rentabilité possible, et souvent en consanguinité, non pas pour chercher à fixer une quelconque qualité, mais parce que nous avons l'étalon sous la main...


On sait maintenant, et on le sait depuis des années, que l'élevage ne pouvait pas se baser sur la consanguinité sur le long terme sans en payer un jour le prix fort. Le CCS n'a pas manqué de le faire savoir. La démonstration en a été exposée dans ces colonnes (Revue de la Cynophilie française n° 177 ). On sait aussi que la recherche d'hyper-type s'accompagne de défauts fonctionnels dont souffrent trop de chiens de race. Ce sont les éleveurs qui sont responsables de la production des chiens. Et aussi les juges qui promeuvent tel ou tel type. Car on peut être séduit par l'hypertype... Certes, les juges sont nommés et en partie formés par la SCC, mais ce sont les clubs de race qui les proposent. Vous ne pouvez pas blâmer le CCS pour les méfaits de certaines races et des hommes qui les conduisent.


À l'inverse, la SCC ne peut s'attribuer le mérite du succès de quelques autres. Mais il faut au moins admettre que cela ne les a pas empêchés. Il serait imprudent de nommer les races qui ont échoué ou qui stagnent. En revanche, il faut mentionner les races qui ont réussi, au-delà des tests d'usage pour lesquels elles ont été sélectionnées.
On constate aujourd'hui que toutes les races dites d'usage ne sont pas utilisées :les épreuves et concours tendent même à devenir la spécialité d'une seule race.


Les chiens de chasse sont sans doute une exception :le Setter anglais domine mais n'a pas évincé les autres races de chiens d'arrêt. Ses effectifs n'augmentent plus, mais il reste largement devant le groupe 7. Les 567 chiots enregistrés en 2014 ne sont pas destinés à la chasse, loin de là. Le Setter anglais reste à ce niveau car il est aussi très apprécié comme chien de compagnie.


En ce qui concerne les chiens de chasse, le beagle n'a pas de rivaux. Les naissances de beagle ont doublé en 15 ans pour atteindre 4225 en 2014. Parce que le beagle est le meilleur chien de chasse et, sélectionné pour être un chien de travail, il s'est également révélé être un excellent chien de compagnie en plus d'être utilisé dans la recherche de drogue ou explosifs.


L'agilité n'est pas encore officiellement reconnue comme une épreuve d'usage, mais le succès de la discipline est tel que ses pratiquants qui veulent gagner et ils sont nombreux, ont jeté leur dévolu sur le border collie. Sélectionné en Grande-Bretagne puis dans le monde entier sur ses aptitudes au troupeau, le border collie s'est révélé comme le meilleur en agilité là où seuls quelques Malinois ou Tervuerens peuvent encore l'inquiéter.

Maryannic Jourden, présidente du groupe de travail, a longtemps présenté les bergers des Pyrénées. A regret, mais avec conviction, elle leur préfère désormais le border-collie :« C'est un chien intelligent, plein de fougue et très rapide. On rencontre encore des bergers belges, mais pour gagner en agilité aujourd'hui, il faut un border-collie. Elle dit en présence d'agilitistes qu'elle a pris à témoin :« Tout le monde est d'accord. Le border-collie s'est imposé. Il y a aussi des Shetland pour les plus petites tailles."


L'agilty, discipline ludique, s'est imposée comme discipline de sélection. Les agilitistes soumettent leurs border collies à des tests de troupeaux afin qu'ils puissent être confirmés et reproduire leurs qualités agilistes. Ces border-collies ont aussi une qualité bien fixée par la sélection car ils se devaient d'être proches de leur maître :ce sont d'excellents compagnons.
Or, le grand succès de l'élevage de chiens canins à ce jour est sans aucun doute le Berger Belge Malinois.


10306 bergers belges ont été enregistrés en 2014 dont 80% de malinois. La progression de la race n'a pas été brutale, elle ne doit rien à un phénomène de mode, elle est régulière depuis les années 1970.

Pourquoi les malinois ? S'il est venu rivaliser avec le Berger Allemand puis le surpasser en usage, c'est parce que son standard s'y prêtait et que le club français du Berger Belge a toujours eu des présidents qui ont pris soin de ne pas compromettre la sélection. de lignes de travail. On ne peut pas dire que François Wasels, président du club dans les années 60 et 70, ait lancé le Malinois de travail, mais on peut dire qu'il en a donné les moyens aux usagers.

Ses successeurs, plus tournés vers le chien d'exposition, n'ont jamais entravé la vocation des éleveurs en fermant les portes de la confirmation. Les juges ont suivi l'enseignement du Pr Bernard Denis qui a enseigné à ses élèves juges :« Ne refuser la confirmation qu'aux sujets sur lesquels vous pourriez avoir un doute quant à son appartenance à la race. » Cet enseignement a été relayé sur le terrain par André Varlet, utilisateur et historien canin et par le Dr Gilbert Schaffner, utilisateur, juge de conformité au standard et juge de travail.

Depuis 1999, c'est Marie-France Varlet, passionnée et gestionnaire canine, qui préside le CFCBB. Petit club de race dans les années 70, le CFCBB est devenu une véritable entreprise qui gère à la fois l'élevage et l'organisation de grands événements sans oublier le marketing. André Varlet, Gilbert Schaffner et Marie-France Varlet sont à l'origine de la création d'une classe utilisée dans les concours nationaux d'élevage. Amoureux des bons chiens, ils encourageaient également les utilisateurs à exposer leurs sujets.



L'Anneau


Cela dit, si la race n'a cessé de prospérer, c'est grâce aux éleveurs qui se sont donnés pour objectif et par conséquent la peine de produire des chiens capables de pratiquer la discipline la plus exigeante et la plus décriée qui soit :le ring. C'était Robert Nilo dans Le Dressage du chien à la garde et à la défense qui le premier a écrit et décrit l'enthousiasme que l'on peut avoir pour la bague.

Il a présenté dans son livre presque toutes les races du 1er groupe et a fait connaître sa préférence pour le bouvier des flandres ! Le livre a été publié en 1946 et on peut penser que son expérience d'entraîneur remonte à avant-guerre. Les épreuves d'aujourd'hui sont toujours les mêmes. De nombreux projets de réforme de la discipline ont été pensés, écrits, imaginés. Le globoring, discipline complémentaire ou concurrente à vocation mondiale, a vu le jour à la fin du 20ème siècle.

Rien n'a changé :la bague reste intangible. Les exercices sont les mêmes que dans les années 30 et ce ring français continue, sans grand changement. En revanche, les techniques d'entraînement et la qualité des chiens ont évolué. On peut même dire qu'ils ont subi une révolution. Les États-Unis, le Mexique, l'Espagne, le Maroc et peut-être quelques autres pays l'ont importé, avec un succès limité, il faut le dire. Mais les autres grands pays du chien, la Belgique, l'Allemagne, les Pays-Bas n'ont pas voulu de notre ring français, préférant garder leur discipline nationale.


Il reste que c'est bien le Ring Français qui a permis de promouvoir le Malinois, une race belge dont la production française est la meilleure. En France, le berger belge vient succéder au berger allemand que l'hégémonie de l'Allemagne n'a cessé de maintenir en tête dans tous les pays du monde.

Toutes disciplines confondues, le Berger Allemand reste la première race à être utilisée, non pas parce qu'il est sélectionné à cet effet, à quelques exceptions notables près comme l'élevage du Légendaire Vanova ou des Hauts de Hurlevents, mais parce que sur un tel grosse production, on trouve toujours de bons et même d'excellents sujets. Longtemps race d'élite, le Berger Allemand est aujourd'hui, pour les épreuves les plus exigeantes, dépassé par le Malinois.


Si le Malinois connaît un tel succès, ce n'est pas seulement pour la pratique du ring. En effet, seuls 10% environ des sujets seront soumis à cette discipline. Le Malinois, sélectionné par ou pour le ring, n'est pas seulement bon à ça. Il est aussi devenu le chien de la police et des armées; patrouilleurs et gardes; secouristes en montagne ou en décombres.

Il est aussi très agréable en famille, affectueux et même « propre ». C'est un chien sûr dans tous les sens du terme :disponible en cas de besoin, jamais imprévisible, doté d'une bonne santé physique et mentale et d'une longévité supérieure à la moyenne. Grâce à la bague française, épreuve de sélection du CCS.

Citons le ring belge et l'équivalent hollandais, qui ont également donné naissance à d'excellentes lignées dans lesquelles les éleveurs français ont souvent puisé. Mais le Malinois français est resté plus proche du standard. André Noël, grand éleveur de Malinois, à qui on demandait pourquoi il n'utilisait pas un Malinois aussi célèbre en Belgique a répondu :"Il est vraiment trop moche...".

André Noël, qui était très proche à l'époque d'André Varlet, a emprunté des éleveurs belges et hollandais, mais sans jamais négliger le standard. Leur ami Léon Destailleurs était moins soucieux du type et de la morphologie, mais il était complètement désintéressé. André Noël, en revanche, en plus de ses qualités d'éleveur, avait aussi des qualités de coeur et des qualités de commerçant.

Il a trouvé le moyen de vendre comme chiens de compagnie les femelles peu demandées par les utilisateurs et s'en réjouit :"Ils ne me les ramènent jamais...".


Il semble que les éleveurs et les utilisateurs de chiens de travail aient un point commun, une qualité qui n'est pas très bien partagée dans le monde des cynophiles où l'on a tendance à regarder ses chiens avec les yeux de Chimène :ils ne se mentent pas. Justin Chastel, grand éleveur belge de Bouviers des Flandres disait :« Quand tu as choisi un mâle pour ta chienne, quand tu as choisi un chiot dans la portée, quand tu l'as vu grandir, et que tu te rends compte à l'âge de six mois qu'il n'est pas comme vous l'espériez, vous ne voulez pas être d'accord...".


Les éleveurs de chiens de travail ont toujours été clairvoyants et lucides. Ils ont ainsi produit des chiens intelligents qui ont en commun une qualité essentielle :le discernement. Courageux au travail et cool en famille.


Si les chiens de lignées de travail, quelle que soit leur race, ont aujourd'hui autant de succès même auprès de ceux qui ne connaissent rien au travail, c'est parce qu'ils sont sympathiques...


Les travailleurs sont parfois appelés "compagnons". Je termine donc par un proverbe bien à moi :C'est parmi les bons compagnons que l'on trouve les meilleurs compagnons...


Jean-Yves Réguer