Keep Pet >> Animaux >  >> chiens >> chiens

Le Dobermann

Un physique cinématographique mais pas un visage amoureux...

Voici un chien avec un regard :grand, élancé, poil court, une belle couleur noir et feu, un corps aux muscles saillants, une tête ciselée et un regard de braise. Un chien avec une bouche, mais pas seulement une bouche, nous le verrons. Un physique remarquable, un physique cinématographique. Le physique d'un séducteur ? Jack Palance, Lino Ventura, Charles Bronson avaient un physique de star de cinéma, sans doute, mais pas un physique de jeune homme. Ils ont un physique de méchants, ou du moins de durs à cuire, même s'ils ont su se montrer tendres... Pareil pour les Dobermans. Vous pouvez les voir dans Rambo (First Blood), où ils ne pouvaient pas être plus de bonne compagnie que les autres personnages ; dans Y a-t-il quelqu'un pour tuer ma femme , le doberman de Sam nommé Adolf est destiné à tuer Muffy; dans le Magnum série, les gardiens de la propriété sont les Dobermans Appolon et Lens; dans Ces garçons du Brésil , rappelez-vous qui déchire le Dr Mengele? Dobermans. Des dobermans écorchés... Exactement, pour les faire apparaître comme ça, il fallait les préparer, ils devaient être maquillés d'une sorte de maquillage. Regardez les bonus :qu'ils sont mignons et dociles ces dobies... Ils sont manipulés, recouverts de bandes sanglantes, juste avant de tourner les scènes où ils vont montrer les dents...

Force est de constater qu'en apparaissant dans ces rôles, les Bergers Dobermann n'ont pas fait autant de groupies que le berger allemand qui doit tant à Rin-tin-tin, le chien de montagne des Pyrénées ressuscité par Belle et Sébastien ou le Dalmatien qui, si le dessin animé ne l'avait pas fait connaître, aurait disparu.

Eh bien, au moins le Doberman est un chien bien connu. Mais aussi, il était attendu, inconnu, et donc mal aimé par beaucoup.

Il a été inventé par quelqu'un que vous n'imaginez pas sympa parce qu'il était collecteur d'impôts :un certain Karl Friedrich Ludwig Doberman. L'histoire raconte qu'il voulait se protéger des bandits de grands chemins et des contribuables récalcitrants. Surtout, il était également en charge de la mise en eau de la ville d'Apolda, près de Weimar, et disposait ainsi d'un réservoir de reproducteurs et de chenils qui facilitait l'élevage. Nous sommes à la veille de la naissance de l'empire allemand et l'élevage canin fait ses premiers pas en Europe. Friedrich Doberman crée une race à partir de ce qui est amené à la fourrière. C'est plus facile que de parcourir la campagne à cheval à la recherche d'étalons plus ou moins connus. Il fallait beaucoup de motivation pour créer une race au 19ème siècle... Et quelle race... Chacun peut se faire sa propre idée sur la race.

Les origines, les apports des différents courants sanguins, les croisements, le résultat est là :le Doberman est une très belle race et une très bonne race à utiliser.

Impression, expression

Le Doberman a toujours été très beau. Il y a peu de photos de ces chiens avec un dos étouffant, des os fins et de mauvaises pattes. Bien sûr la race a évolué depuis sa création, mais ce n'est pas aujourd'hui que la plupart des sujets sont de vrais sportifs.

Le Doberman moderne est un chien dont les proportions sont presque toujours excellentes. Ils sont longs sans être légers ni élancés, avec des os et des muscles solides bien visibles sous une peau lâche et un pelage brillant. Avec ça, une belle tête bien ciselée, des lignes crâne-poitrine bien parallèles et un regard froid et calculateur. L'expression est-elle inappropriée ? Et bien c'est dommage. Elle de moi. C'est l'impression que j'ai de son expression. Pour le reste, référons-nous au standard.

La norme, bien sûr, parle de caractère.

 Convivial et paisible chien. C'est vrai :le Doberman actuel est bien conforme au standard, même si, comme nous venons de le voir, les médias ont donné l'image d'un chien féroce.

 Nous recherchons un tempérament et un mordant d'intensité moyenne (...) :le Doberman n'a pas les qualités mordantes du Malinois, et personne ne le conteste. Certains sujets sont pourtant des "cracks in the web" comme on dit dans le jargon du ring;

 Facile à dresser(...) le Doberman doit être efficace, courageux(...) :le Doberman est, selon le standard, un chien de travail. C'est ce que voulaient ses créateurs. Ceux qui ne veulent le voir que comme chien d'exposition ou d'exposition se trompent, même si ce chien est paisible en famille et très affectueux. C'est un chien sérieux. Pas un animal en peluche vivant. Pas lui.

Le Doberman est utilisé depuis son apparition comme chien de garde et de défense, puisqu'il a été inventé à cet effet. Il a également été utilisé pendant la Grande Guerre. Certains disent qu'il servait de chien d'assaut dans les tranchées. C'est une supposition :je n'ai trouvé aucune trace de cette utilisation. Les chiens d'attaque auraient sans doute été efficaces pour semer la panique dans les tranchées ennemies, mais ils ne seraient jamais revenus vivants. Les soldats des deux côtés ont pris soin de ne pas mettre en danger la vie des chiens. C'est à peine croyable, mais c'est vrai :les chiens de guerre étaient des chiens de liaison, des chiens sentinelles, des chiens sanitaires, mais pas des chiens de combat ou d'intervention, ce qui posait d'ailleurs des problèmes aux états-majors. Dans All Quiet on the Western Front , Eric-Maria Remarque fait dire à un soldat apitoyé sur la souffrance d'un cheval mourant que la guerre est faite pour les hommes et non pour les animaux...

Les Américains qui ont importé des Dobermans au début du XXe siècle les ont également utilisés dans leurs armées, encore plus que les Allemands. Lors de la bataille de Guam dans les îles Mariannes en 1944, 25 de ces chiens du diable , comme les Marines les appelaient, ont été tués alors qu'ils tentaient de débusquer l'ennemi japonais. En leur honneur, un mémorial a été érigé sur l'île de Guam.

Le Doberman est encore un chien de travail, mais la concurrence du Malinois, et dans une moindre mesure du Berger Allemand et du Rottweiler, lui laisse peu de place pour la police, les armées, les sociétés de sécurité ou les sportifs. Il est cependant le plus impressionnant et son aspect dissuasif est pour les utilisateurs qui patrouillent une qualité majeure. Maintenant, c'est vrai qu'avec ses oreilles tombantes de Doberman, le Doberman en impose moins... On n'en verra donc plus beaucoup en Europe dans les gares, les aéroports, ou au bout de la laisse des policiers ou des militaires. Aux États-Unis, où le Malinois est aussi LE chien à utiliser, certaines administrations ou sociétés de sécurité restent néanmoins fidèles au dobie . Avec les oreilles coupées, c'est-à-dire avec son expression. C'est son expression qui impressionne. Mais ne vous y trompez pas :le Doberman n'est pas seulement impressionnant; lorsqu'il a les aptitudes et est conditionné à mordre, sa puissance et sa détermination en font le plus redoutable des chiens de travail.

C'est aussi un chien de sport. De nombreux Dobermans concourent au plus haut niveau sur le ring et en RCI. Le champion de beauté F'Hiram Royal Bell, importé de Croatie par Jean-Paul Godart, n'a pas eu la grande carrière de chien de travail qu'on pouvait attendre de lui. Jean-Paul explique :"Je ne suis pas un bourreau de travail. F'Hiram a eu son bac et le RCI 1, et je suis resté à ce niveau." Il n'en fallait pas plus pour faire remarquer ce bon et beau chien :F'Hiram a fait plus de 120 sorties de saillie, et il s'est bien reproduit. Sa progéniture est aujourd'hui nombreuse dans les rings de concours et dans les rings de travail.

C'est donc la renaissance dedob après la chute provoquée par l'interdiction des tailles d'oreilles ? Pas si sûr. Car s'il est vrai que les amateurs de race peuvent trouver de bons chiens de travail dans le troupeau, ni les amateurs de ring ou de RCI ni les professionnels des chiens de défense n'iront chercher un Doberman aux oreilles tombantes. Même si, comme l'explique Jean-Paul Godart, le nouveau président du club, "l'harmonie a été préservée grâce à une sélection judicieuse sur les têtes...".

Personne ne peut être en désaccord :l'interdiction de l'otectomie est un coup dur pour la race, et elle ne s'en remettra jamais complètement. Les oreilles non coupées de Doberman ne se ressemblent pas. C'est dommage, car la race n'a pas souffert comme tant d'autres d'interminables querelles de personnes et la sélection synchronique sur la morphologie et le caractère a fait progresser les deux, ce qui n'est pas courant dans le milieu canin. Jusqu'à cette interdiction inacceptable, les promoteurs de la race pouvaient être considérés comme ayant eu un peu de chance.

Si les autorités savaient combien de chiens il faut pour réussir dans le sport canin... Et aussi combien de persévérance.

Écrit par mon ami Jean-Yves Reguer.